Une victoire ! Et quelle victoire ! Celle que je ne pensais pas être capable d’obtenir. Celle dont j’avais plus que besoin en ce moment. Celle qui m’a apporté un beau rayon de soleil dans l’obscurité qui m’entoure à nouveau depuis quelques temps.
Te souviens tu, ami lecteur, de cet instant où j’ai pris conscience de ma maladie ? De cette anorexie et de sa copine l’orthorexie, qui me suivaient à la trace. Ça remonte déjà à plusieurs années. Et pourtant ça reste gravé dans ma tête.
Il m’aura fallu 2 éléments déclencheurs pour que je réalise l’état dans lequel j’étais. Sortir de la douche et apercevoir ma colonne vertébrale bien trop voyante dans le miroir ( ma colonne de dinosaure comme je la surnommais) et être en pleine panique dans une boulangerie.
Ma colonne est désormais un complexe pour moi, que je cache et qui m’empêche d’accepter l’idée de me mettre en maillot de bain à la plage, alors que je vis en bord de mer. Mais ayant repris un peu de poids depuis ce moment devant le miroir, ça devrait finir par aller mieux.
Par contre, je dois avouer que l’état dans lequel une simple boulangerie / pâtisserie peut me mettre, est un véritable calvaire.
Entrer dans une de ces enseignes n’est franchement pas évident. Moi qui ai toujours adoré le pain et pouvais avaler une baguette entière lorsqu’elle était encore toute chaude à la sortie du four, j’ai eu une période très difficile où rien qu’en y pensant je finissais en sueur, les poils dressés sur les bras version chaire de poule.
Je me souviens de cette journée, il y a environ trois ans, lorsque je m’étais laissée convaincre de partager un petit-déjeuner basique avec la tribu. Paralysée par la peur de ces aliments « interdits« , j’étais incapable de choisir ce qui pouvais me faire envie et je n’arrivais même pas à articuler deux mots pour demander quoique ce soit à la boulangère. J’avais fini par prendre mes jambes à mon cou et j’avais fondu en larmes de honte, de regrets et de désespoir.
Maintenant j’arrive à mettre les pieds là-bas, mais seulement pour acheter des gourmandises au reste de la famille. Jamais rien pour moi. Impossible. Je bloque face à tant de féculents, de matières grasses et de sucre.
Je regarde avec un pincement au cœur tous ces plaisirs que je me refuse. Je me surprends à humer l’air pour » me remplir » virtuellement de ces pains au chocolat et ces croissants. Je tente de me rappeler ces jours heureux où je croquais dans une tartelette sans me soucier de quoique ce soit. Mais je ne me prends rien.
La musique m’aidant à extérioriser et à évacuer mes émotions, sans que je ne sache vraiment pourquoi, j’ai assimilé les paroles de la chanson Ma Douleur, de Christophe Maé ( cf à cet ancien article ), à cette oppression qui est en moi. À ce mal-être qui me poursuit. Quand je me sens au plus bas, elle m’aide à faire ressortir ce qui me ronge et me permet parfois de faire comprendre ce que je ressens à mes proches.
Parallèlement, d’autres de ses chansons me boostent et me mettent en joie, tout en me faisant voyager. D’ailleurs les Gremlins en connaissant beaucoup par cœur, on a pris l’habitude de les chanter à tue-tête dans la voiture.
Alors lorsque l’année dernière, j’ai découvert dans un article de presse, que le chanteur avait un frère boulanger / pâtissier, je me suis dit que ça pourrait être un sacré pied de nez à cette foutue anorexie. Surtout qu’en fouillant un peu sur le net, j’avais pu lire de très bons avis sur ses créations. Rien que les photos me mettaient l’eau à la bouche.
Je me suis donc promis qu’un jour, j’irais découvrir la pâtisserie de Frédéric et Céline Martichon, et que je parviendrais à me faire plaisir.
Il aura fallu du temps avant que je puisse mettre en place ce défi, mais ça y est, je l’ai fait !
C’était mon projet de ces vacances.
Je dois tout de même avouer que ce n’est pas sans angoisse que j’ai pris la route hier matin, pour aller sur Saint Didier, où se situe la boutique ( anciennement à Carpentras ).
Je dois aussi reconnaître, que je me suis encore plus restreinte les jours précédents, de crainte sinon de flancher devant les pâtisseries. Ana est toujours tellement encrée en moi…
Une fois sur place, j’étais remontée au taquet. Pas de chair de poule, pas de larmes commençant à me venir aux yeux. Une pointe de peur, oui… Mais j’ai géré du mieux que j’ai pu. Dans ma tête j’entendais en continu tous ces mecs de la salle de sport qui m’avaient dépeint les chaussons aux pommes et les mille-feuilles comme des aliments toxiques. Ces fausses coachs que j’avais suivi sur instagram, et qui m’avaient mené à compter les moindres calories que j’avalais, au point qu’au final je ne mangeais pas plus de 500kcal par jour. Mais je n’ai pas lâché. J’ai tenu bon.
J’ai dû encore passer pour une extraterrestre à ne pas pouvoir me décider rapidement. Mais j’ai fini par trouver de quoi assouvir cette faim qui me tenaille sans arrêt, du matin au soir, et qui ne supporte plus de se contenter de légumes, fruits et yaourts de soja.
Il faut dire que la gentillesse des propriétaires des lieux m’a permis de ne pas une fois de plus perdre pieds. Mme et M. Martichon ont pris du temps pour nous parler, nous conseillons même sur les coins à visiter à proximité, ce qui m’a mis à l’aise.
La pâtisserie située dans un petit village magnifique, m’a facilement attirée. À la fois sobre et élégante, elle a un côté familial et chaleureux. D’ailleurs la petite terrasse installée juste devant n’y ait pas pour rien, et invite à ce détendre dans une ambiance paisible.
Bref… Tout ce qu’il me fallait pour rester zen et ne pas céder face à la peste en moi qui détruit ma vie.
Au départ, nous ne devions prendre du pain que pour la tribu. Mais tous ces pains à l’allure rustique et aux si jolis noms ( j’adore l’idée de leur avoir donné les prénoms des enfants de la famille) m’ont interpellée. J’ai de suite su que je ne pourrais pas me contenter une fois de plus de regarder le Chéri et mes nains se régaler, pendant que je ne mangerais qu’un peu de poireau et de courge.
Je ne me suis pas arrêtée en si bon chemin, puisque j’ai craqué pour un escargot au chocolat, pendant que le reste de la tribu préférait des meringues aux noisettes, gâteaux à la crème de châtaigne, big palmiers ou encore fougasses.
Les bras chargés et le sourire aux lèvres, nous avons déniché un ptit coin sympa pour pique-niquer. Et franchement, que dire ? Si ce n’est Quel Bonheur !!!
Le pain Pierre, au levain, était excellent, avec une croûte si croustillante ! La tresse aux olives était moelleuse et a même été appréciée de Vince, alors qu’il n’aime pas les olives. J’ai mangé des deux ! Victoire !
Seconde victoire, j’ai non seulement adoré mon escargot dont les pépites de chocolat étaient toutes fondantes, mais j’ai aussi testé le croissant aux amandes du Chéri et un peu de crème de châtaigne du gâteau de ma fille.
Si tu savais l’émotion que ça a déclenché en moi, cher lecteur … Les sensations… Je ne suis même pas capable de te décrire tout ça.
3 ans sans m’accorder le droit d’approcher une viennoiserie… 3 ans que je suis en pleine torture dès que j’en vois…. Merci la famille Martichon pour ce grand moment de bonheur que j’ai enfin pu obtenir ! Pour mes papilles qui sont reparties en enfance à chaque bouchée de cet escargot. Pour cette gourmandise retrouvée lorsque j’ai croqué dans le croissant aux amandes, qui était généreusement garni ( non, non, je n’ai pas fait dégouliné la crème ^^ Personne n’a rien vu ^^).
Je ne suis d’ailleurs pas la seule à m’être régalée. Toute la tribu a kiffé. À tel point qu’après avoir visité Venasque suite aux conseils du pâtissier ( c’était sublime, avec une vue magnifique) , nous sommes repassés par la boulangerie. Mlle Lolita ayant 10 ans demain, elle désirait avoir une tresse aux olives pour le grand jour. Tresse à laquelle nous avons ajouté à nouveau un pain Pierre, mais aussi 5 croissants aux amandes.
Oui 5! Car j’ai promis à ma poupée de tout faire pour réitérer ma victoire.
Bon… Peut-être ne viendrais je pas au bout, sachant qu’il y aura aussi un gâteau d’anniversaire, mais ce n’est pas grave. Je compte bien en engloutir tout de même une bonne partie ( la culpabilité sera certainement là, comme ce fut le cas hier et encore aujourd’hui, mais ça ne m’empêchera pas de tenir ma promesse) .
Encore un immense merci aux charmants patrons de la pâtisserie Martichon, grâce à qui je me suis sentie à nouveau un peu normale durant une journée ! Grâce à qui j’ai à nouveau pu partager un instant gourmand et de pur plaisir avec mes Gremlins ! Merci !