Premiers pas dans l’univers des fodmap

Depuis 2015 je jongle tant bien que mal avec mes TCA. L’anorexie n’est franchement pas une partie de plaisir, mais je lutte au mieux pour m’en sortir.

Seulement pas évident de se voir telle que les autres me perçoive, quand le reflet dans le miroir me montre ce ventre proéminent. Ce fichu ventre qui me complexe tellement et dont j’ai régulièrement parlé à mes docs, sans que cela ne les interpelle plus que ça.

Pourtant, quand il décide de gonfler ( et de me gonfler ), il devient une véritable gène. Et pas que psychologiquement. Je me transforme en femme enceinte et suis certaine que je pourrai facilement gruger la file d’attente aux caisses ou encore récupérer une place assise dans le bus, lors de ces périodes là. Périodes qui depuis plus d’un an, sont devenues routinières. Un enfer quotidien, qui jour après jour me fais souffrir.

Car ce ventre, tel un énorme ballon, est aussi dur que du bois et très encombrant. Impossible de me plier en deux… Fortes douleurs dans le bas du ventre qui irradient jusque dans le dos, en passant par les reins. C’est à tel point que même sous les côtes et le thorax, je le sens pousser pour prendre encore plus de place. Trop de place. Bien trop de place.

Pour calmer cette douleur qui devient de plus en plus insupportable, j’ai tout essayé. Médicaments, huiles essentielles, bouillottes chaudes, bains brûlants, massages avec des huiles et/ou crèmes … Rien…. Pas moyen de contrecarrer le phénomène.

Certaines fois, la douleur a été si intense que je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit, ni stopper les larmes. Le Chéri a même voulu m’emmener à l’hôpital, ce que je n’ai pas tenu à faire.

Bien entendu, plus mon ventre gonfle, plus je me vois difforme, plus je me restreins niveau alimentation et plus j’augmente le sport. Ce qui finalement, ne résout rien, m’épuise d’avantage et me plonge tout doucement dans la déprime.

Alors que faire ? Comment arrêter cet engrenage infernal et retrouver une vie plus sereine ?

Mes médecins n’ayant pas l’air de vouloir m’aider ni de se préoccuper de ces détails, qui pour eux ne sont pas graves, j’ai pris le taureau par les cornes et j’ai agi seule.

Premiers pas dans l'univers des fodmap
Premiers pas dans l'univers des fodmap

Dans un premier temps, j’ai fait quelques recherches pour savoir à quoi pouvaient être liés ces symptômes. Bien souvent dans les livres et témoignages que j’ai lu, on parlait de soucis gynéco ou au niveau de la flore intestinale.

Suite à une consultation avec ma gygy, qui m’a expliqué que j’avais le ventre plein de gaz , j’ai décidé de prendre rendez-vous avec un gastro-entérologue.

Quelle bonne idée !

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Il n’a pas fallu bien longtemps pour que l’on m’explique que je souffre du syndrome de l’intestin irritable et de dyspepsie. Les deux résultants certainement des mauvais traitements que j’ai infligé à mon corps via l’anorexie et ma mauvaise alimentation. J’ai tout simplement détruit mon microbiote et j’en paie les conséquences.

Faut dire qu’à n’avaler plus que des légumes et des fruits ( et encore que quelques uns ), mon corps à décidé de tirer la sonnette d’alarme. A savoir d’ailleurs, que beaucoup de personnes souffrant de TCA finissent par souffrir de SII .

Bref…

Après une écho, pas mal de questions et des prises de sang, c’est un petit bout de papier que l’on m’a remis, avec pour consigne d’éviter les aliments inscrits dessus.

Premiers pas dans l'univers des fodmap
Premiers pas dans l'univers des fodmap

Ces aliments sont des FODMAP ( pour en savoir plus c’est ici ) et ont la fâcheuse manie d’irriter l’intestin et de déclencher différents symptômes comme ceux cités plus haut. Le plan étant donc de supprimer dans un premier temps ces FODMAP , puis de les réintégrer doucement à l’alimentation, les uns après les autres, pour voir comment on réagit.

Premiers pas dans l'univers des fodmap
Premiers pas dans l'univers des fodmap

Tout le monde étant différent, il se peut que certaines personnes ne supporte absolument pas les glutens, alors que d’autres si. Ou encore que l’on parvienne à manger un peu de lactose sans souci, mais que passer une certaine dose cela provoque des douleurs. On y va donc petit peu par petit peu et on voit ce que l’on tolère ou non.

Cela fait plus de 15 jours que je suis une alimentation pauvre en FODMAP et je dois dire que j’en ressens déjà les bienfaits. Après la première semaine, mon ventre a retrouvé une allure normale. Partie la grosse boule qui me faisait tant souffrir. Je me lève le matin avec un ventre plat, qui certes, dans la journée peut un peu gonfler (mais rien de bien méchant comparé à cette dernière année ), mais qui ne me gène plus pour m’abaisser et ne me culpabilise plus comme avant.

Les douleurs elles aussi se font de plus en plus discrètes. J’apprends à les dompter et à les reconnaître. Je me rends doucement compte de ce que mon corps accepte ou non comme aliment. Par exemple, il y a quelques jours, je croquais dans un morceau de citron en mangeant mon poisson. J’ai rapidement ressenti une brûlure à l’estomac. Je n’ai pas cherché plus loin et j’ai laissé le reste de ma moitié de citron. Verdict : le jus passe bien, mais 1/2 citron tel quel, ça le fait moyen.

En même temps, je fais de plus petits repas. Le gastro ayant été très surpris de constater qu’alors que j’avais avalé juste un peu de potimarron à 7h la matin du rdv, mon estomac était totalement rempli à 11h passé lorsqu’il m’a fait l’écho.

Je sais désormais que je digère très lentement et que mon estomac étant petit, il vaut mieux que je limite les quantité en une seule prise.

Premiers pas dans l'univers des fodmap
Premiers pas dans l'univers des fodmap

Toutes ces astuces et ce diagnostique m’aident énormément. Non seulement mon moral est en hausse puisque je souffre beaucoup moins et parviens à bouger plus facilement, mais j’ai envie de manger à nouveau plus d’aliment ( et donc de lutter contre Ana ). Car le mois dernier, j’en étais encore à manger plus d’une dizaine de pommes par jour ( ouais , je sais, c’est énorme ), de la salade, des champignons et du poireau. Maintenant, je suis bien obligée de réintroduire les protéines pour tenir le coup. Je parviens même à me faire quelques plaisirs, comme des crêpes à l’amarante, des frites de patate douce ou des crèmes végétales .

Voyant que ces aliments que j’ai bien trop longtemps oubliés ne me font pas de mal, mais au contraire du bien, cela me pousse à continuer mes efforts.

Je ne dis pas que c’est toujours hyper facile. Mais avoir enfin mis le doigt sur ce qui déclenche ces douleurs, ces remontées acides et cette fatigue chronique, avoir eu un diagnostique et être reconnue comme ayant un souci médical ( et non pas comme une affabulatrice ), ça me permet d’avancer.

J’ai même réussi à me faire un petit restau avec ma voisine il y a peu de temps. Et attention! Pas le genre de moment où je demande à ce que l’on ne me serve qu’une salade et un fromage blanc. Je me suis régalée d’une belle et copieuse assiette de seiches à la plancha, avec un peu de salade et de délicieuses frites maison ( 5 ans sans toucher à pomme de terre ! THE défi de la mort qui tue ! ). Après quoi j’ai opté pour une boule de sorbet citron et une boule de sorbet framboise. Un pur instant de plaisir.

Comme quoi, quand on déniche le doc qui connaît son métier et veut bien écouter ses patients, ça ne peut être que positif!

Je vais donc continuer sur ma lancée et éviter encore les aliments trop riches en FODMAP de ma liste. Puis lorsque le gastro me dira que ce sera le moment, je les testerai petit à petit pour savoir les doses qui me conviendront.

Astuce : pour savoir si tel ou tel aliment est riche ou pauvre en FODMAP , et avoir quelques idées de recettes, va sur Fodmapedia